Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 7.djvu/577

Cette page n’a pas encore été corrigée

fieibni) nn bie ^Ijurfürftin Bop)t. 563

estoit possible d’y introduire jusqu’icy, et qu’ainsi rien n’y est rest6 d*in- determiDe, au Heu que rindetermine est de l’essence de la coutinuit^. C’esl ce que la perfection divine apprend ä nostre Esprit et que Texperience m^me confirme par dos sens. II n’y a point de goutte d’eau si pure, oü Ton ne remarque quelque varietö en la bien regardant. Un morceau de pierre est compos^ de certains grains, et par le microscope ces grains paroissent comme’ des rochers oü i y a mille jeux de la nature. Si la force de nostre veue estoit tousjours augmentöe, eile trouveroit tousjours de quoy s’exercer. II y a partout des variet^s actuelles et jamais une parfaite uniformit6, ny deux pieces de matiere entierement seinblahles Fune ä Tautre, dans le grand comme dans le petit.

V. A. E. l’avoit bien connu, lorsqu’elle dit a feu M. d’Alvenslebe dans le jardin de Herrenhausen de voir s’il trouveroit deux feuilles dont la ressemblance füt parfaite, et il n’cn trouva point. II y a donc tousjours divisions et variations actuelles dans les masses des corps existens, h quel- que petitesse qu’on aille. C’est- nostre imperfection et le defaut de nos sens, qui nous fait concevoir les choses physiques comme des Estres Mathe- matiques, oü il y a de Tindetermin^. Et Ton peut demonstrer qu’il n’y a point de ligne ou de figure dans la nature, qui donne exactement et garde uniformement par le moindre espace et temps les propriet^s de la ligne droite ou circulaire, ou de quelque autre dont un esprit fini peilt comprendre la deßnition. L’esprit en peut concevoir et mener par Pima- gination ä travers des corps, de quelque figure qu’ils soyent, quelque lign# quW veuille s’imaginer, comme Ton peut joindre les centres des boules par des droites imaginaires, et comme Ton con9oit des axes et des cercles dans une sphere qui n’en a point d’effectifs. Mais la Nature ne peut point, et la sagesse divine ne veut point tracer exactement ces figures d’essence born^e, qui presupposent quelque chose de determinö, et par consequent d’imparfait, dans les ouvrages de Dieu. ^ Cependant elles se trouvent dans les phenomenes ou dans les objets des esprits bornes : nos sens ne remar- quent point, et nostre entendement dissimule une infinite de petites in- egalitds qui n’emp6chent pourtant pas la parfaite regularit^ de Touvrage de Dieu, quoyque une creature 6nie ne la puisse point comprendre. Cepen- dant les verit^s eternelles fond^es sur les id6es mathematiques born^es ne laissent pas de nous servir dans la practique, autant qu’il est permis de faire abstraction des inegalit^s trop petites pour pouvoir causer des erreurs

36*