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Je puis dire sans vanité que je suis un de ceux de nostre temps qui ont le plus approfondi les Mathématiques, et j'ay découvert des méthodes et des routes toutes nouvelles qui portent cette science au delà des bornes qu'on leur avoit prescrites.

Les échantillons que j'ay donnés ont esté applaudis en France et en Angleterre, et il me seroit aisé d'en donner encor beaucoup d'autres; mais je ne fais pas grand cas des découvertes particulières, et ce que je désire le plus, c'est de perfectionner l'Art d'Inventer en Général et de donner plustost des Méthodes que des solutions des problèmes, puisque une seule méthode comprend une infinité de solutions.

Mais je ne me borne pas aux Mathématiques, car les vérités qu'elles enseignent, quoyque très utiles à a vie humaine, ne doivent pas remplir seules nostre esprit, et je croy que le plus grand usage qu'on en peut faire, c'est d'y apprendre l'art de raisonner avec exactitude.

Et comme j'ay eu le bonheur de perfectionner considérablement l'art d'inventer ou analyse des Mathématiciens, j'ay commencé à avoir certaines vues toutes nouvelles, pour réduire tous les raisonnemens humains à une seule espèces de calcul[1] qui serviroit à découvrir la vérité, autant qu'il se peut faire ex datis ou par ce qui est donné ou connu, et lorsque les connoissances données ne suffisent pas à résoudre la question proposée, cette méthode servirait comme dans les Mathématiques, à approcher autant qu'on le peut sur le donné et à déterminer exactement ce qui est le plus probable.

Cette sorte de calcul général donneroit en même temps une espèce d'écriture universelle qui aurait l'avantage de celle des Chinois, parce que chacun l'entendroit dans sa langue, mais qui surpasseroit infiniment la Chinoise en ce qu'on la pourroit ap-

  1. Darüber geschrieben: compte.