Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 7.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
272
Tentamen Anagogicum

ment sont purement arbitraires. En quoy ils ont raison s’ils prennent arbitraire pour ce qui vient du choix, et qui n’est pas d’une nécessité Geometrique, mais il ne faut pas étendre cette notion jusqu’à croire que ces loix sont tout à fait indifferentes, puisqu’on peut monstrer, qu’elles ont leur origine dans la sagesse de l’auteur, ou dans le principe de la plus grande perfection, qui les a fait choisir.

Cette consideration nous fournit le veritable milieu, dont on a besoin pour satisfaire à la verité aussi bien qu’à la pieté. L’on sait que s’il y a eu des Philosophes habiles qui n’ont reconnu dans l’univers que ce qui est materiel, il y a en echange des Theologiens sçavans et zelés, qui choqués de la philosophie corpusculaire et non contents d’en reprimer les abus, ont cru estre obligés à soûtenir, qu’il y a des phenomenes dans la nature, qu’on ne sçauroit expliquer par les principes de mecanique, comme par exemple la lumiere, la pesanteur, la force Elastique ; mais comme ils ne raisonnent pas en cela avec exactitude, et qu’il est aisé aux philosophes corpusculaires de leur répondre, ils font du tort à la religion en pensant luy rendre service ; car ils confirment dans leur erreur ceux qui ne reconnoissent que des principes materiels. Ce veritable milieu qui doit satisfaire les uns et les autres est, que tous les phenomenes naturels se pourroient expliquer mecaniquement, si nous les entendions assez ; mais que les principes mêmes de la Mecanique ne sçauroient estre expliqués Geometriquement, puisqu’ils dependent des principes plus sublimes, qui marquent la sagesse de l’auteur dans l’ordre et dans la perfection de l’ouvrage.

Ce qui me paroist le plus beau dans cette consideration est que ce principe de la perfection au lieu de se borner seulement au general, descend aussi dans le particulier des choses et des phenomenes, et qu’il en est à peu pres comme dans la Methode de Formis Optimis, c’est à dire maximum aut minimum praestantibus, que nous avons introduite dans la Geometrie au delà de l’ancienne methode de maximis et minimis quantitatibus. Car ce meilleur de ces formes ou figures ne s’y trouve pas seulement dans le tout, mais encore dans chaque partie, et même il ne seroit pas d’assez dans le tout sans cela. Par exemple si dans la ligne de la plus courte descente entre deux points donnés, nous prenons deux autres points à discretion, la portion de cette ligne interceptée entre eux est encore necessairement la ligne de la plus courte descente à leur egard. C’est ainsi que les moindres parties de l’univers sont reglées