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Tentamen Anagogicum

la nature, manquoient de beaucoup de moyens que nous avons, et dont nous devons profiter.

La connaissance de la nature fait naistre l’art, elle nous donne beaucoup de moyens de conserver la vie et même elle en fournit les commodités, mais outre que la satisfaction de l’esprit, qui vient de la sagesse et de la vertu, est le plus grand agrément de la vie, elle nous eleve à ce qui est eternel, au lieu que cette vie est tres courte. Et par consequent ce qui sert à établir des maximes, qui mettent la felicité dans la vertu, et qui font tout venir du principe de la perfection, est infiniment plus utile à l’homme et même à l’estat que tout ce qui sert aux arts. Aussi les découvertes utiles à la vie ne sont-elles bien souvent que des corolaires des lumieres plus importantes, et il est encor vrai icy que ceux qui cherchent le Royaume de Dieu, trouvent le reste en leur chemin.

La recherche des causes finales dans la Physique est justement la practique de ce que je crois qu’on doit faire, et ceux qui les ont voulu bannir de leur philosophie, n’en ont assez considéré l’importante utilité. Car je ne veux point leur faire ce tort que de croire, qu’ils ont eu en cela des mauvais desseins. Cependant d’autres sont venus, qui en ont abusé et qui non contents d’exclure les causes finales de la Physique, au lieu de les renvoyer ailleurs, ont fait effort de les detruire tout à fait, et de monstrer, que l’auteur des choses estout tout puissant à la verité, mais sans aucune intelligence. Il y en a eu encore d’autres, qui n’ont admis aucune cause universelle, comme ces anciens qui ne reconnoissent dans l’univers que le concours des corpuscules, ce qui paroist plausible aux esprits où la faculté imaginative predomine, parce qu’ils croyent de n’avoir à employer que des principes de mathematique, sans avoir besoin ny de ceux de metaphysique qu’ils traitent de chimeres, ny de ceux du bien qu’ils renvoyent à la morale des hommes, comme si la perfection et le bien n’estoient qu’un effect particulier de nos pensées, sans se trouver dans la nature universelle.

Je reconnois qu’il est assez aisé de tomber dans cette erreur, et par tout quand on s’arreste en meditant à ce que l’imagination seule peut fournir, c’est à dire aux grandeurs et figures, et à leur modifications. Mais quand on pousse la recherche des raisons, il se trouve que les loix du mouvement ne sauroient être expliquées par des principes purement geometriques, ou de la seule imagination. C’est aussi ce qui a fait que des philosophes tres habiles de nostre temps ont crû que les loix du mouve-