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Discours touchant la methode de la certitude et l’art d’inventer.

Chymie, armée de tous les elemens, travaille avec un succès surprenant à tourner les corps naturels en mille formes, que la nature ne leur auroit jamais données ou bien tard. De sorte qu’il semble maintenant qu’il ne tient qu’à nous de finir avec assurance et par demonstration quantité de disputes, qui embarrassoient nos devanciers, de prevenir et de surmonter plusieurs maux qui nous menacent, et sur tout d’establir dans les ames la pieté et la charité, tant par l’education que par des raisons incontestables et de conserver et rétablir la santé des corps bien plus qu’on ne pouvoit faire autrefois, puisque nous avons asseurement des remedes, qui effacent tous ceux des anciens, et que la connoissance qu’ils avoient du corps humain, ne sçauroit entrer en comparaison avec la nostre.

Quant aux Mathematiques nous connoissons l’Analyse des Anciens, et nous en sçavons plus qu’eux et on va bien au delà. Les adresses secretes d’Archimede que les Geometres anciens mêmes ne connoissoient point (tant il les avoit cachées) sont toutes decouvertes.

Pour ce qui est des belles lettres, l’histoire sacrée et profane est si éclaircie, que nous sommes souvent capables de decouvrir les fautes des auteurs, qui écrivoient des choses de leur temps. On ne sçauroit considerer sans admiration cet amas prodigieux des restes de l’antiquité, ces suites des Medailles, cette quantité des Inscriptions, ce grand nombre de Manuscrits, tant Europeens qu’Orientaux, outre les lumieres qu’on a pû avoir des vieux papiers, chroniques, fondations et titres, qu’on a tirées de la poussiere, qui nous font connoistre mille particularités importantes sur les origines et changemens des familles illustres, peuples, estats, loix, langues et coustumes ; ce qui sert non seulement pour la satisfaction des curieux, mais bien plus pour la conservation et redressement de l’histoire, dont les exemples sont des leçons vives et des instructions agreables, mais surtout pour établir cette importante Critique, necessaire à discerner le supposé du veritable et la fable de l’histoire, et dont le secours est admirable pour les preuves de la religion.

Je ne diray rien de l’eloquence, de la poësie, de la peinture et des autres arts d’embellissement, ny de la science militaire et de toutes celles, qui apprennent aux hommes de faire du mal, qui avancent avec tant de succès, qu’il seroit à souhaiter que les sciences du reel et du salutaire pussent suivre celle du fard et du nuisible. J’adjouteray seulement que la decouverte de la poudre à canon me paroist estre plutost un present