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nature qui porte encore la conservation de la même direction totale dans la matière. S’il l’avait remarquée, il seroit tombé dans mon système de l’harmonie préétablie.

81. Ce système fait que les corps agissent comme si, par impossible, il n’y avait point d’ames, et que les ames agissent comme s’il n’y avait point de corps, et que tous deux agissent comme si l’un influait sur l’autre.

82. Quant aux esprits ou ames raisonnables, quoique je trouve qu’il y a dans le fond la même chose dans tous les vivants et animaux, comme nous venons de dire, savoir, que l’animal et l’ame ne commencent qu’avec le monde et ne finissent pas non plus que le monde, il y a pourtant cela de particulier dans les animaux raisonnables, que leurs petits animaux spermatiques, tant qu’ils ne sont que cela, ont seulement des ames ordinaires ou sensitives, mais dès que ceux qui sont élus, pour ainsi dire, parviennent par une actuelle conception à la nature humaine, leurs ames sensitives sont élevées au degré de la raison et à la prérogative des esprits.

83. Entre autres différences qu’il y a entre les ames ordinaires et les esprits, dont j’ai déjà marqué une partie, il y a encore celle-ci, que les ames en général sont des miroirs vivants ou images de l’univers des creatures, mais que les esprits sont encore images de la Divinité même, ou de l’auteur même de la nature, capables de connaître le système de l’univers et d’en imiter quelque chose par des échantillons architectoniques, chaque esprit étant comme une petite divinité dans son département.

84. C’est ce qui fait que les esprits sont capables d’entrer dans une manière de société avec Dieu, et qu’il est à leur égard, non seulement ce qu’un inventeur est à sa machine (comme Dieu l’est par rapport aux autres creatures), mais encore ce qu’un prince est à ses sujets et même un père à ses enfants.

85. D’où il est aisé de conclure que l’assemblage de tous les esprits doit composer la cité de Dieu, c’est à dire le plus parfait état qui soit possible sous le plus parfait des monarques.

86. Cette Cité de Dieu, cette monarchie véritablement universelle est