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‘Bbitofophiidie übbanblungen. 605

Elle imite dans son département, et dans son petit Monde où il luy est permis de s’exercer, ce que Dieu fait dans le grand.

45. C’est pourquoy tous les esprits, soit des hommes, -soit des génies, entrant en vertu de la Raison et des Verités éternelles sans une espèce de Societé avec Dieu, sont des membres de la Cité de Dieu, c’est à dire, du plus parfait état, formé et gouverné par le plus grand et le meilleur des Monarques : où il n’y a point de crime sans châtiment, point de bonnes actions sans récompense proportionnée, et enfin autant de vertu et de bonheur qu’il est possible ; et cela, non pas par un dérangement de la nature, comme si ce que Dieu prepare aux ames troubloit les loix des corps, mais par l’ordre même des choses naturelles, en vertu de l’harmonie préétablie de tout temps entre les Regnes de la Nature et de la Grace, entre Dieu comme Architecte, et Dieu comme Monarque, en sorte que la nature même mene à la grâce, et que la grâce perfectionne la nature en s’en servant.

46. Ainsi, quoyque la Raison ne nous puisse point apprendre le détail du grand avenir, réservé à la révélation, nous pouvons être assurés par cette même Raison, que les choses sont faites d’une manière qui passe nos souhaits. Dieu étant aussi la plus parfaite et la plus heureuse, et par conséquent la plus aimable des substances, et l’Amour pur véritable consistant dans l’état qui fait gouter du plaisir dans les perfections et dans la felicité de ce qu’on aime, cet Amour doit nous donner le plus grand plaisir dont on puisse" être capable, quand Dieu en est l’objet.

47. Et il est aisé de l’aimer comme il faut, si nous le connoissons comme je viens de dire. Car quoyque Dieu ne soit point sensible à nos sens externes, il ne laisse pas d’être tres aimable, et de donner un tres grand plaisir. Nous voyonscomhien les honneurs font plaisir aux hommes, quoiqu’ils ne consistent point dans les qualités de sens extérieurs. Les Martyrs et les Fanatiques (quoyque l’affection de ces derniers soit mal reglée) montrent ce que peut le plaisir de l’esprit : et, qui plus est, les plaisirs même des sens se réduisent à des plaisirs intellectuels confusément connus. La Musique nous charme, quoyque sa beauté ne consiste que dans les convenances des nombres, et dans le compte dont nous ne nous appercevois pas, et que l’ame ne laisse pas de faire, des battemens ou vibrations des corps sonnans, qui se rencontrent par certains intervalles. Les plaisirs que la vue trouve dans les proportions, sont de la même na-