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262 Essais de Théodlcée.

l’ordre, et où il y a moyen de les deméler par une méditation exacte, qui nous fait jouir, pour ainsi dire, de la veue des idées de Dieu. On peut proposer une suite ou series de nombres tout à fait irrégulière en apparence, où les nombres croissent et diminuent variablement sans qu’il y paroisse aucun ordre ; et cependant celuy qui saura la clef du chifre, et qui entendra l’origine et la construction de cette suite de nombres, pourra donner une règle, laquelle étant bien entendue, fera voir que la series est tout à fait réguliere, et qu’elle a même de belles propriétés. On le peut rendre encor plus sensible dans les lignes : une ligne peut avoir des tours et des retours, des hauts et des bas, des points de rebroussement et des points d’inflexion, des interruptions, et d’autres variétés, de telle sorte qu’on n’y voye ny rime ny raison, sur tout en ne considérant qu’une partie de la ligne ; et cependant il se peut qu’on en puisse

— donner Pequation et la construction, dans laquelle un Geometre trouverait

la raison et la convenance de toutes ces prétendues irrégularités : et voila comment il faut encor juger de celles des monstres et d’autres prétendus défauts dans l’univers.

243. C’est dans ce sens qu’on peut employer ce beau mot de S. Bernard (Ep. 276. ad Eugen. III.) : Ordinatissimum est, minus interdum ordinate fieri aliquid : Il est dans le grand ordre, qu’il y ait quelque petit désordre ; et l’on peut même dire que ce petit désordre n’est qu’apparent dans le tout, et il n’est pas même apparent par rapport à la felicité de ceux qui se mettent dans la voye de l’ordre.

2“. En parlant des monstres, j’entends encor quantité d’autres défauts apparens. Nous ne connaissons presque que la superficie de nostre globe, nous ne pénétrons gueres dans son intérieur, au delà de quelques centaines de toises : ce que nous trouvons dans cette ecorce du globe, paroit l’effect de quelques grands bouleversemens. Il semble que ce globe a été un jour en feu, et que les rochers qui font la base de cette ecorce de la terre, sont des scories restées d’une grande fusion : on trouve dans leur entrailles des productions de métaux et de mineraux, qui ressemblent fort à celles qui viennent de nos fourneaux : et la mer toute entière peut être une espèce d’oleum per reliquium, comme Phuyle de Tartre se fait dans un lieu humide. Car lorsque la surface de la terre s’était refroidie après le grand incendie, l’humidité que le feu avoit poussée dans l’air, est retombée sur la terre, en a lavé la surface, et a dissout et