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232 Essais de Théodicée.

monde, en voudraient inferer qu’il y a un mauvais Dieu, ou du moins un Dieu neutre entre le bien et le mal. Et si nous jugeons comme le Boy Alphonse, on nous repondra, dis-je : Vous ne connoissés le monde que depuis trois jours, vous n’y voyés gueres plus loin que vostre nés, et vous y trouvés à redire. Attendés à le connoître davantage, et y considérés surtout les parties qui présentent un tout complet (comme font les Corps organiques) ; et vous y trouveras un artifice et une beauté qui va au delà de l’imagination. Tirons en des conséquences pour la sagesse et pour la bonté de l’auteur des choses, encor dans les choses que nous ne connoissons pas. Nous en trouvons dans l’univers qui ne nous plaisent point ; mais sachons qu’il n’est pas fait pour nous seuls. Il est pourtant fait pour nous, si nous sommes sages : il nous accommodera, si nous nous en accommodons ; nous y serons heureux, si nous le voulons être.

495. Quelcun dira, qu’il est impossible de produire le meilleur, parce qu’il n’y a point de Creature parfaite, et qu’il est tous jours possible d’en produire une qui le soit davantage. Je reponds que ce qui se peut dire d’une Creature ou d’une substance particulière, qui peut tous jours être surpassée par une autre, ne doit pas être appliqué à l’univers, lequel se devant etendre par toute Paternité future, est un infini. De plus, il y a une infinité de Creatures dans la moindre parcelle de la matière, à cause de la division actuelle du Continuum à l’infini. Et l’infini, c’est à dire l’amas d’un nombre infini de substances, à proprement parler, n’est pas un tout non plus que le nombre infini luy même, duquel on ne sauroit dire s’il est pair ou impair. C’est cela même qui sert à refuter ceux qui font du monde un Dieu, ou qui conçoivent Dieu comme l’Ame du monde, le monde ou l’Univers ne pouvant pas être considéré comme un animal, ou comme une substance.

496. Il ne s’agit donc pas d’une Creature, mais de l’univers ; et l’adversaire sera obligé de soutenir qu’un Univers possible peut être meilleur que l’autre, à l’infini ; mais c’est en quoy il se tromperoit, et c’est ce qu’il ne sauroit prouver. Si cette opinion étoit véritable, il s’ensuivroit que Dieu n’en auroit produit aucun ; car il est incapable d’agir sans raison, et ce seroit même agir contre la raison. C’est comme si l’on s’imaginoit que Dieu eût decerné de faire une sphère matérielle, sans qu’il y eût aucune raison de la faire d’une telle ou telle grandeur. Ce décret seroit inutile, il porteroit avec soy ce qui en empècheroit Pctfoct. Ce seroit