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230 Essais de Théodicée.

naturelle absolument insurmontable. Il résulte encore de là, que l’entendement divin dans Pinfinité de ses idées a rencontré toûjours et du premier coup leur conformité parfaite avec leurs objets, sans qu’aucune connoissance le dirigeàt ; car il y auroit contradiction qu’aucune cause exemplaire eût servi de plan aux actes de l’entendement de Dieu. On ne trouveroit jamais par là des idées éternelles, ni aucune première intelligence. Il faudra donc dire qu’une nature qui existe nécessairement trouve toujours son chemin, sans qu’on le lui montre ; et comment vaincre après cela l’opiniâtreté d’un Stratonicien ?

494. Mais il est encor aisé de répondre : ce prétendu fatum, qui oblige même la Divinité, n’est autre chose que la propre nature de Dieu, son propre entendement, qui fournit les règles à sa sagesse et à sa bonté ; c’est une heureuse nécessite, sans laquelle il ne seroit ny bon ny sage. Voudroit on que Dieu ne fut point obligé d’être parfait et heureux‘ ? Nostre condition, qui nous rend capables de faillir, est elle digne d’envie‘ ? et ne serions nous pas bien aises de la changer contre l’impeccabilité, si cela dépendoit de nous’ ? Il faut être bien degouté, pour souhaiter la liberté de se perdre, et pour plaindre la Divinité de ce qu’elle ne l’a point. C’est ainsi que M. Bayle raisonne luy même ailleurs contre ceux qui exaltent jusqu’aux nues une liberté outrée qu’ils s’imaginent dans la volonté, lorsqu’ils la voudroient indépendante de la raison.

492. Au reste, M. Bayle s’étonne que l’entendement Divin dans Pinfinité de ses idées rencontre toujours et du premier coup leur conformité parfaite avec leurs objets, sans qu’aucune connoissance le dirige. Cette objection est nulle, de toute nullité : toute idée distincte est par là même conforme avec son objet ; et il n’y en a que de distinctes en Dieu : outre que d’abord l’objet n’existe nulle part, et quand il existera, il sera formé sur cette idée. D’ailleurs, M. Bayle sait fort bien que l’entendement divin n’a point besoin de temps pour voir la liaison des choses. Tous les raisonnemens sont éminemment en Dieu, et ils gardent un ordre entre eux dans son entendement, aussi bien que dans le nostre : mais chez luy ce n’est qu’un ordre et une priorité de nature, au lieu que chez nous il y a une priorité de temps. Il ne faut donc point s’étonner, que celuy qui penetre toutes les choses