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IV

De la réforme de la philosophie première, et de la notion de substance

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Je constate que la plupart de ceux qui se plaisent à étudier les mathématiques ont de l’aversion pour la métaphysique, car ils remarquent la lumière des premières, et l’obscurité de la seconde. Je suis d’avis que la cause la plus importante de cet état de chose est que les notions générales, et celles que l’on croient les plus connues de tous, sont devenues, par la négligence humaine et l’inconséquence de la reflexion, ambigües et obscures ; et que les définitions qu’on y rapporte communément ne sont même pas nominales, au point qu’elles n’expliquent rien. Et il n’est pas douteux que ce mal s’est insinué dans les autres disciplines qui sont subordonnées à cette science première et architectonique. Ainsi avons-nous, à la place de définitions claires, des distinctions ridicules, à la place d’axiomes vraiment universels, des règles de lieux communs qui sont souvent détruites par plus d’instances qu’il n’y a d’exemples pour les soutenir. Et pourtant, c’est à l’aventure que les hommes, par une sorte de nécessité, emploient les termes de la métaphysique, et, se flattant eux-mêmes, croient comprendre ce qu’ils ont appris à avoir toujours à la bouche. Et de fait, ce n’est pas seulement de la substance, mais aussi de la cause, de l’action, de la relation, de la similitude et de la plupart des termes généraux qu’il est évident que les notions vraies et fécondes sont communément cachées. D’où personne ne doit s’étonner que cette science principielle, à laquelle revient le nom de Philosophie Première et qu’Aristote appela désirée ou recherchée (ζητουμένη), soit restée jusqu’à ce jour parmi celles que l’on doit chercher. Il est vrai que Platon, ça et là en ses dialogues, cherche à dépister le sens de ces notions ; Aristote fait de même dans ses livres que l’on nomment communément Métaphysiques ; il ne semble pas cependant que des résultats furent obtenus. Les Platoniciens postérieurs trébuchèrent sur des monstruosités verbales ; le soucis des Aristotéliciens, et surtout des Scolastiques, fut davantage d’agiter des questions que de les résoudre. De notre temps, quelques hommes remarquables examinèrent également la Philosophie Première, mais sans grand succès jusqu’ici. On ne peut nier que Descartes lui ait apporté quelques contributions remarquables, et c’est à bon droit principalement qu’il a rétabli l’ardeur de Platon à détacher l’esprit des sens, et qu’il utilisa souvent d’une manière profitable le doute des académiciens ; mais bientôt, par une sorte d’inconséquence