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de ]a cour et l’agitation des courtisans, mais je vois tout cela dans un calme entier.

Suave mari magno etc.

Actuellement le Regent pense et agit comme un vrai Romain, c’est à dire du bon tems de la Republique et avant les Graques, il veut rétablir ce malheureux royaume ; c’est une grande affaire, et il faut pour cela une paix sure, un long tems et une bonne administration en tout. Comme ses intentions sont parfaittes, je souhaite qu’il prenne des moiens convenables, et son esprit me le fait esperer.

Il me paroit que la tolérance sera assez de son gout dans les choses de religion. Je souhaite que dans l’affaire de la Constitution il soit aussi neutre qu’il croit l’estre ; cela me semble nécessaire pour prévenir un schisme toujours dangereux, car je suis pour la paix, fut elle fondée sur des erreurs. Mr le Cardinal de Rohan qui sort de mon cabinet, est charmé de son esprit et de ses maniérés, c’est vous dire que tout le monde en est très content.

Dans le moment un noble Italien qui vient de Londres m’a apporté une lettre de M. l’abbé Conti dont je vous ferai part ; il ne me mande rien des affaires presentes d’Angleterre, mais je sais que les deux partis sont fort animez. Milord Stair qui est mon ami intime et homme de beaucoup d’esprit n’en disconvient pas.

M. llomberg et mort il y a quelques semaines après une très longue maladie, et le pauvre P. Mallebranche est aussi parti. Ils avoient des opinions bien differentes et se ressembloient assez par l’egalité et la douceur de leurs moeurs, car à Dieu ne plaise que je les compare ensemble sur tout le reste ; je les aimois bien l’un et l’autre, et je respecterai toujours beaucoup la memoire du P. Mallebranche qui estoit un très grand et un très bel esprit.

Je finis pareeque je suis un peu las de copier mon abbé Conti qui me paroit dans l’enthousiasme, pour moi je serai comme Marot là me tiendrai où à present me tiens.

Apres un trait si galant, il ne me reste plus qu’à vous assurer des sentimens de respect et d’admiration etc.

à Paris ce 18 d’Octobre 1715.