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ne say si j’ay réussi. S’il vous reste des difficultés, plus «lies seront expliquées, plus seray j’en état d’y entrer et de me rendre, ou de vous satisfaire.

J’ay tousjours esté fort content, même dès ma jeunesse, de la morale de Platon, et encore en quelque façon de sa Métaphysique : aussi ces deux sciences vont elles de compagnie, comme la mathématique et la physique. Si quelcun reduisoit Platon en système, il rendroit un grand service au genre humain, et l’on verroit que j’y approche un peu. Feu M. Boileau a parlé un peu trop en Janséniste, en appelant les anciens ces antiques damnés. Les Jesuites sont plus raisonnables sur ce chapitre. Mais je crois que M. Boileau a voulu railler. Quand j’etois jeune garçon, les etudians de mon age chantoient : Summus Aristoteles, Plato et Euripides, oeciderunt in profundum.

Je ne savois pas que Mylord Shaftsbury etoit l’auteur du petit livre sur l’utilité de la raillerie, lorsque je fis des remarques là dessus. Aussi ne les donnay je à personne, me contentant de les avoir fait lire à Madame l’Electrice. Je trouvay par après que M. le Comte de Shaftsbury s’etoit merveilleusement corrigé dans le progrès de ses méditations, et que d’un Lucien il etoit devenu un Platon : metamorphose asseurement fort extraordinaire, et qui me le fait fort regretter. Ainsi je luy parlay tout d’un autre ton, en faisant des reflexions sur ses caractères. Cependant je vous enverray une copie de mes premières remarques. Mais voicy maintenant de petites reflexions d’une toute autre nature, que je prends la liberté, Monsieur, de vous envoyer, et je vous supplie, après les avoif lues, et même fait copier (si vous le voulés) de les mettre dans la lettre sub sigillo volante, adressée à M. l’Abbé de St. Pierre, que je vous prie de faire cacheter et de l’envoyer ainsi à M. l’Abbé Varignon avec la lettre pour luy ; car c’est lui qui m’a envoyé celle de Mr. l’Abbé de St. Pierre, avec son ouvrage du Projet de la Paix perpétuelle, sur lequel l’auteur m’a demandé mon sentiment. Ce Projet marque beaucoup de bonne intention, et contient des raisons solides. Il est très seur que si les hommes vouloient, ils se pourraient délivrer de ces trois grands fléaux, la guerre, la peste, et la famine. Quant aux deux derniers, chaque Souverain le peut ; mais contre la guerre il faudrait cet accord des Souverains qu’il est difficile d’obtenir. Cette matière curieuse pouvoit recevoir de plus grands embellisemens, sur tout par l’Histoire.