Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 3.djvu/647

Cette page n’a pas encore été corrigée

ßeibnij an Stanonb.

635

(4) Quant à la Métempsycose, je crois que l’ordre ne l’admet point ; il veut que tout soit explicable distinctement, et que rien ne se fasse par saut. Mais le passage de l’ame d’un corps dans l’autre seroit un saut étrange et inexplicable. 11 se fait tousjours dans l’animal ce qui s’y fait présentement : c’est que le corps est dans un changement continuel, comme un fleuve, et ce que nous appelons génération ou mort, n’est qu’un changement plus grand et plus prompt qu’à l’ordinaire, tel que seroit le saut ou la cataracte d’une riviere. Mais ces sauts ne sont pas absolus et tels que je desapprouve ; comme seroit celuy d’un corps qui iroit d’un lieu à un autre sans passer par le milieu. Et de tels sauts ne sont pas seulement défendus dans les mouvemens, mais encor dans tout ordre des choses, ou des vérités. C’est pourquoy j’ay montré à Mr. Hartsoeker, dans des lettres qui ont été insérées il n’y a pas long tems dans les Mémoires de Trévoux, que la supposition du vuide et des Atomes nous meneroit à de tels sauts. Or comme dans une ligne de Geometrie il y a certains points distingués, qu’on appelé sommets, points d’inflexion, points de rebroussement ou autrement, et comme il y a des lignes qui en ont d’une infinité, c’est ainsi qu’il faut concevoir dans la vie d’un animal ou d’une personne les temps d’un changement extraordinaire, qui ne laissent pas d’etre dans la regle generale : de même que les points distingués dans la courbe se peuvent determiner par sa nature generale ou son Equation. On peut tousjours dire d’un animal, c’est tout comme icy, la différence n’est que du plus au moins.

(2) Puisqu’on peut concevoir que par le développement et changement de la matière, la machine qui fait le corps d’un animal spermatique, peut devenir une machine telle qu’il faut pour former le corps organique d’un homme : il faut qu’en même temps l’ame de sensitive seulement soit devenue raisonnable, à cause de l’harmonie parfaite entre l’ame et la machine. Mais comme cette harmonie est préétablie, l’etat futur etoit déjà dans le present, et une parfaite intelligence reconnoissoit il y a long temps dans l’animal present l’homme futur, tant dans son ame à part, que dans son corps à part. Ainsi jamais un pur animal ne deviendra homme, et les animaux spermatiques humains, qui ne viennent pas à la grande transformation par la conception, sont de purs animaux. (3) 11 y a sans doute mille dereglemens, mille desordres dans le particulier. Mais il n’est pas possible qu’il y en ait dans le total, même de i