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avant toute division, et que la matière est une substance. 11 ne faut donc point concevoir retendue comme un Espace reel continu, parsemé de points. Ce sont des fictions propres à contenter l’imagination, mais où la raison ne trouve point son compte. 11 ne faut pas concevoir non plus que les Monades comme des points dans un espace reel, se remuent, se poussent ou se touchent ; il suffit que les phenomenes le font ainsi paroitre, et cette apparence a de la vérité en tant que ces phenomenes sont fondés, c’est à dire consentans. Les mouvemens et les concours ne sont qu’apparence, mais apparence bien fondée et qui ne se demente jamais, et comme des songes exactes et perseverans. Le mouvement est le phenomene du changement suivant le lieu et le temps, le corps est le phenomene qui change. Les loix du mouvement, étant fondées dans les perceptions des substances simples, viennent des causes finales ou de convenance, qui sont immaterielles et en chaque monade ; mais si la matière estoit substance, elles viendroient de raisons brutes ou d’une nécessité géométrique, et seroient tout autres qu’elles ne sont. 11 n’y a point d’action des substances que les perceptions et les appétits, toutes les autres actions sont phenomenes comme tous les autres agissans. Platon paroit en avoir vû quelque chose, il considere les choses materielles comme peu reelles, et les Académiciens ont révoqué en doute si elles etoient hors de nous, ce qui se peut expliquer raisonnablement, en disant qu’elles ne seroient rien hors des perceptions, et qu’elles ont leur realité du consentement des perceptions des substances apercevantes. Ce consentement vient de l’Harmonie préétablie dans ces substances, pareeque chaque substance simple est un miroir du même Univers, aussi durable et aussi ample que luy, quoyque ces perceptions des Créatures ne sauroient être distinctes qu’à l’egard de peu de chose à la fois et qu’elles sont diversifiées par les rapports ou pour ainsi dire, par le points de veue des miroirs, ce qui fait qu’un même Univers est multiplié d’une infinité de façons par autant de miroirs vivans, chacun se représentant à sa mode. On peut donc dire que chaque substance simple est une image de l’univers, mais que chaque esprit est par dessus cela une image de Dieu, ayant connoissance non seulement des faits et de leur liaisons expérimentales, comme les Ames sans raison, qui ne sont qu’empiriques, mais ayant aussi connoissance de la nécessité des vérités eternelles, entendant les raisons des faits et imitant l’Architecture de Dieu, et aussi capable par là d’entrer en société