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Remond à Leibniz

rapport de ma Théodicée. M. l’Abbé Bignon m’avait promis qu’on en mettrait un dans le Journal des Savants, mais jusqu’ici ceux qui travaillent à ce Journal ne l’ont point fait. Peut-être parce qu’ils n’approuvent point que j’ai osé m’écarter un peu de S. Augustin, dont je reconnais la grande pénétration. Mais comme il n’a travaillé à son système que par reprises, et à mesure que ses adversaires lui en donnaient l’occasion, il n’a pas pu le rendre assez uni, outre que notre temps nous a donné des lumières qu’il ne pouvait point avoir dans le sien. Messieurs vos Prélats délibèrent à présent sur des matières assez approchantes de celles de mon livre, et je serais curieux de savoir, si quelques uns des excellents hommes qui entrent dans leur assemblée, ont vu mon livre et ce qu’ils en jugent.

Outre que j’ay eu soin de tout diriger à l’édification, j’ay taché de déterrer et de réunir la vérité ensevelie et dissipée sous les opinions des différentes Sectes des Philosophes, et je crois y avoir ajouté quelque chose du mien pour faire quelques pas en avant. Les occasions de mes études, dès ma première jeunesse, m’y ont donné de la facilité. Étant enfant j’appris Aristote, et même les Scholastiques ne me rebutèrent point ; et je n’en suis point fâché présentement. Mais Platon aussi dès lors, avec Plotin me donnèrent quelque contentement, sans parler d’autres anciens que je consultai par après. Étant émancipé des Écoles Triviales, je tombai sur les modernes, et je me souviens que je me promenai seul dans un bocage auprès de Leipzig, appelé le Rosendal, à l’âge de 15 ans, pour délibérer si je garderais les Formes Substantielles. Enfin le Mécanisme prévalut et me porta à m’appliquer aux Mathématiques. Il est vrai que je n’entrai dans les plus profondes qu’a près avoir conversé avec M. Huygens à Paris. Mais quand je cherchai les dernières raisons du Mécanisme et des lois mêmes du mouvement, je fus tout surpris de voir qu’il était impossible de les trouver dans les Mathématiques, et qu’il fallait retourner à la Métaphysique. C’est ce qui me ramena aux Entéléchies, et du matériel au formel, et me fit enfin comprendre, après plusieurs corrections et avancements de mes notions, que les Monades, ou les substances simples, sont les seules véritables substances, et que les choses matérielles ne sont que des phénomènes, mais bien fondés et bien liés. C’est de quoi Platon, et même les Académiciens postérieurs, et encore les Sceptiques, ont entrevu quelque chose, mais ces Messieurs, venus après Platon, n’en ont pas usé si bien que lui.