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I.
Remond à Leibniz.

Depuis que j’ai lu les essais de Théodicée, je ne cesse de remercier Dieu de m’avoir fait naître dans un siècle éclairé par un esprit comme le vôtre. J’ai bien vu de beaux ouvrages en ma vie, mais je n’en ai vu aucun qui puisse être comparé à celui-ci, et après avoir quitté tous les livres pour m’attacher uniquement à Platon, je me trouve étonné de quitter encore Platon pour un moderne. Je ne parle d’autre chose depuis que je l’ai ouvert, et le plaisir que je goûte à le méditer est bien au dessus de celui que j’ai senti à le lire. Je souhaite que notre siècle reconnaisse bien le trésor qu’il possède en vous. Ce sera alors que je lui permettrai de se mettre au dessus de la Grèce et de l’ancienne Rome. Ce sont ces sentiments vifs et naturels d’admiration qui me forcent à prendre la liberté de vous écrire. Sans avoir l’honneur d’être connu de vous, c’est une passion, à laquelle on dit que je ne suis pas trop sujet et que je vous ai peut-être l’obligation de connaître. Je ne l’ai point cachée ce matin au bon P. Malebranche, qui m’est venu voir, quoique je sache bien qu’il ne fait grand cas que de ceux qui pensent en tout comme lui. Ce sentiment est assez commun aux hommes, mais je suis étonné de le trouver encore dans des personnes qui se croient philosophes. Enfin je ne juge plus du mérite des hommes que par le degré d’admiration qu’ils me témoignent par Monsieur de Leibniz. Peut-être que la vanité a aussi un peu de part dans cette pierre de touche que je me suis faite ; cependant je ne crains pas qu’elle me conduise à l’erreur. Le très petit nombre de bons esprits que nous avons et à qui je distribuai tous les premiers exemplaires de votre ouvrage dont je me saisis après une première lecture à peine commencée, en est charmé et m’en aiment davantage. C’est une nouvelle raison pour vous faire des remerciements. Depuis ce temps là j’ai donné