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Leibniz an Bourguet

Pourveu qu’il nous donne un jour quelque chose de beau de son chef, il faut luy laisser cet eguillon de gloire de vouloir etre original. M. des Cartes vouloit qu’on crût qu’il n’avoit gueres lû. C’etoit un peu trop. Cependant il est bon d’etudier les découvertes d’autruy d’une maniéré qui nous découvre la source des inventions, et qui nous les rende propres en quelque façon à nous memes. Et je voudrois que les Auteurs nous donassent l’Histoire de leur découvertes, et les progrès par lesquels ils y sont arrivés. Quand ils ne le font point, il faut tacher de les deviner, pour mieux profiter de leur ouvrages. Si les Journalistes le faisoient par le rapport qu’ils font des livres, ils rendroient un grand service au public.

Je suis bien aise aussi d’apprendre ce que vous me dites, Monsieur, de M. Tomaso Cataneo, Grec sçavant et excellent Platonicien, qui ne meprise pas mes sentimens. Je ne say, si je ne vous ay déjà dit, qu’il y a aussi à Paris un excellent homme, du Conseil de M. le Duc d’Orleans, nommé M. Remond, qui est grand Platonicien, et qui a extrêmement gouté ma Theodicée, comme il me l’a témoigné par une lettre fort obligeante, et m’a envoyé depuis de beaux vers Latins de M. l’Abbé Fraguier, Philosophe et grand Poete, qui parlent favorablement de mes méditations. En effect, de tous les Anciens Philosophes Platon me revient le plus par rapport à la Métaphysique. On publie maintenant de bons Livres Grecs à Venise ; je voudrois savoir qui est le directeur de ces éditions.

Vous m’avés fait plaisir en remarquant la différence entre la nécessité aveugle, comme dans le nombre des trois dimensions, et entre la nécessité morale ou de convenance, comme dans les loix du mouvement ; et c’est par là apparemment que Spinosa a manqué, et que Bredembourg s’est embarrassé, comme vous jugés très bien. Les loix du Mouvement ont quantité de beautés. 11 s’y conserve non seulement la meme quantité de la force absolue, ce que M. des Cartes a bien veu (quoyqu’il l’ait mal expliqué, confondant le mouvement avec la force), mais aussi la meme force respective, ou la meme force de la direction. M. des Cartes a crû que l’intervention des Ames ne doit point violer la première loy, c’est à dire la conservation de la force absolue ; j’y adjoute que cette intervention ne doit pas non plus violer la seconde loy, c’est à dire la conservation de la direction. Et si M. des Cartes avoit eu connoissance de cette seconde conservation, il seroit tombé dans l’Harmonie préétablie. J’ay encor de monstré une proposition curieuse, qui est, qu’il y a non pas autant de