hypothèse, qui veut que Dieu soit le seul Acteur ; il est vray que d’ailleurs elle ne me paroist point fondée. On a publié depuis peu à Paris un livre contre luy sur l’Action des Créatures ; et il y a repondu. Je n’ay pas encor vu ny le livre, ny sa réponse. J’ay peur que ce ne soit un combat semblable à celuy qui agitoit autresfois les esprits en France sur le pur Amour. Une bonne définition (comme j’ay donné celle de l’Amour) les aurait tirés d’affaire.
Pulveris exigui jactu compressa quiescunt
Mais quand on ne fixe point les idées, on a un grand champ de raisonner
pour et contre*).
Je m’imagine que lors que le P. Malebranche dit que nous voyons tout
en Dieu, il entend la perception de l’esprit, non seulement par rapport
aux qualités visibles, comme sont les figures et les couleurs, mais encor par rapport aux sons et aux autres qualités sensibles. Vous avés fort bien remarqué que ce Pere reconnaissant toutes les mouches à miel enveloppées
en quelque façon dans celle dont elles sont descendues, pouvoit croire que
les perceptions suivantes d’une ame peuvent naitre du développement de
sa perception totale présentée. Et je crois qu’il le pouvoit reconnoitre
d’autant plus facilement, qu’il admet dans l’ame certaines pensées, qui
naissent les unes des autres.
Je suis de votre sentiment, Monsieur, quon ne sauroit expliquer ce
que c’est que l’existence d’une substance, en luy refusant l’action ; mais
on ne s’attache pas communément à donner des définitions des termes, et
on parle confusément de la substance, dont la connaissance pourtant est
la clef de la Philosophie intérieure. C’est la difficulté qui s’y trouve, qui
a tant embarrassé Spinosa et M. Lock.
D’autres encor m’ont parlé comme vous avec estime de M. l’Abbé Conti,
et je seray bien aise de voir votre Commerce Literaire, où je pourrais
faire quelques petites remarques, qu’il seroit bon de luy communiquer.
* ) **Çicr folgt im Original folgenbe Don ßeibnij eingef^loffctic Stelle, jum Beiden, ba| fie in ber Ubf^rift autgelaffen roerben fällte**** : La difficulté qu’on se fait sur la communication du mouvement cesse quand on considere que les choses materielles et leur mouvemens ne sont que des phenomenes. Leur realité n’est que dans le consentement des apparences des Monades. Si les songes d’une meme personne estoient exactement suivis et si les songes de toutes les Ames s’accordoient, on n’auroit point de soin d’autre chose pour en faire corps et matière.