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Leibniz an Bourguet

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V.
Leibniz an Bourguet

Apres*) avoir vu des belles productions de votre part sur les origines literaires, je suis surpris de vous voir encor aussi profond sur la Philosophie que votre lettre que M. Herman m’a fait tenir le fait connoistre.

Je suis bien aise que ma Theodicée a l’approbation des personnes qui vous ressemblent, Monsieur, et je voudrois etre assez habile pour satisfaire à toutes les difficultés qui leur peuvent rester. Je suis bien fâché, aussi bien que vous, de ce que M. Bayle n’a point lu mon ouvrage ; asseurement j’en aurois profité.

Quand je dis, qu’il y a une infinité de Mondes possibles, j’entends, qui n’impliquent point de contradiction, comme on peut faire des Romans, qui n’existent jamais et qui sont pourtant possibles. Pour etre possibles, il suffit de l’intelligibilité ; mais pour l’existence, il faut une prevalence d’intelligibilité ou d’ordre ; car il y a ordre à mesure qu’il y a beaucoup à remarquer dans une multitude.

Je ne crois point qu’un monde sans mal, préférable en ordre au notre, soit possible ; autrement il auroit été préféré. 11 faut croire que le mélange du mal a rendu le bien plus grand : autrement le mal n’auroit point été admis.

Le concours de toutes les tendences au bien a produit le meilleur : mais comme il y a des biens qui sont incompatibles ensemble, ce concours et ce resultat peut emporter la destruction de quelque bien, et par conséquent quelque mal.

Par la création continuée que j’admets dans la conservation, je n'entends que la continuation de la première dépendance, et en effect les creatures dependent tousjours également de Dieu.

Vous demandés, Monsieur, ce que deviennent ces animaux qui ne parviennent point au développement où d’autres de leur espece arrivent. Je reponds que ce sont des vers ou d’autres animaux invisibles, qui ne laissent pas d’avoir tous leur ordre et leur destination, et même leur propagation
*) ***geibni) fjût bemerft*** : réponse à la lettre de M. Bourguet du 20. Octobr. 1712.