Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 3.djvu/369

Cette page n’a pas encore été corrigée
357
Leibniz an Lady Masham

(13) La Question, si elle est quelque part ou nulle part, est de nom : car sa nature ne consiste pas dans l’étendue, mais elle se rapporte à l’étendue qu’elle représente ; ainsi on doit placer l’ame dans le corps, où est son point de veue suivant lequel elle se représente l’univers pré- sentement. Vouloir quelque chose de plus et renfermer les ames dans les dimensions, c’est vouloir imaginer les ames comme des corps.

(14) Pour ce qui est des substances completes sans étendue, je crois avec vous, Madame, qu’il n’y en a aucune parmy les créatures, car les ames ou formes sans les corps seroient quelque chose d’incomplet, d’autant qu’à mon avis, l’ame n’est jamais sans animal ou quelque chose d’analogique. Et Dieu même ne nous est connu que par une idée qui enveloppe un rapport à l’étendue, c’est à dire à une variété continuelle et ordonnée des choses existentes à la fois, qu’il produit ; aussi n’est ce que par les effects que nous parvenons à connoistre son existence. Mais la souveraine raison nous monstre par après qu’il y a en luy quelque chose au delà de l’étendue, et qui même en est la source, aussi bien que des changemens qui s’y font ; quoyque ce ne soit pas une chose imaginable dont on ne doit point s’étonner, car même les mathématiques nous fournis- sent une infinité de choses qu’on ne sauroit imaginer, témoin les incom- mensurables dont la vérité est pourtant demonstrée. C’est pourquoy on ne doit pas se rebuter des vérités sous pretexte que l’imagination ne les sauroit atteindre. Ce n’est pas elle qui donne les limites de l’assen- timent, et M. Locke a fort bien monstré que nos idées de reflexion ont quelque chose au delà des images des sens.

Je suis touché, Madame, du peu de santé de ce personnage excellent ; ceux qui luy ressemblent ne sauroient vivre trop long temps. S’il est en- cor auprès de vous, ce séjour qui ne peut estre que charmant, sera le meilleur conservatif dont il se puisse servir : et l’obligation que les per- sonnes studieuses vous en auront (et moy particulièrement qui espere par ce moyen de profiter encor de ses lumières sur mes essais) sera un sur- croist de ce que vous doivent les doctrines que vous honnorés en leur prestant vos ornemens. Je suis avec respect etc. Hanover 30 Juin 1704.

P. S. Je viens de recevoir vostre beau present, Madame, et je com¬ mence déjà à en jouir, ce qui renouvelle ma reconnoissance.