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Leibniz an Lady Masham

gesse divine veut qu’on ne recoure point au miracle sans nécessité. Il en est de même icy, lorsqu’il s’agit du système de l’union de l’ame et du corps, car il n’est pas plus explicable de dire qu’un corps opere à distance sans moyens et instrumens, que de dire que des substances tout à fait differentes comme l’ame et le corps, operent immédiatement, l’une sur l’autre, l’intervalle des natures estant encor plus grand que celuy des lieux. De sorte que la communication de ces deux substances si hetero- genes ne se pourroit obtenir que par miracle, non plus que la communi- cation immediate de deux corps éloignés, et vouloir l’attribuer à je ne say quelle influence de l’un sur l’autre, c’est cacher le miracle sous des paroles qui ne signifient rien. Il en est de même encor de la voye des causes occasionnelles, et la différence y est seulement qu’un miracle per- pétuel est introduit par les auteurs de cette voye, non pas en cachette comme dans la voye de l’influence, mais ouvertement, soit qu’on l’avoue ou non. Car quoyque cette action de Dieu, de pousser l’ame à l’occasion du corps, et le corps à l’occasion de l’ame, seroit continuelle et usitée, elle n’en seroit pas moins miraculeuse, puisque elle seroit tousjours quel- que chose d’inexplicable à tout esprit créé, quelque informé qu’il pourroit estre, et quelque ouverture que Dieu luy pourroit donner, d’autant que cet effect dependroit de la seule opération immediate de Dieu, sans fournir d’autre moyen ou explication, et qu’on avoue que Dieu troubleroit ainsi continuellement les loix du corps pour l’accommoder à lame, et recipro- quement : au lieu que ce qui est explicable, est conforme aux loix natu- relles des choses, et ne doit estre expliqué que par elles.

Ainsi (6) il semble que mon Hypothese est quelque chose de plus qu’une Hypothese, estant non seulement possible tout simplement, mais encor la plus conforme à la sagesse de Dieu et à l’ordre des choses. Et je crois qu’on peut dire seurement, que Dieu opere tousjours de la ma- niéré la plus convenable à ses perfections, dont la sagesse en est une des plus grandes. Or il est manifeste, que rien n’est plus beau ny mieux conduit que cet accord prévenant que Dieu a établi dans les choses na- turelles, et rien ne marque mieux que c’est luy qui les a faites, estant digne de luy de tout regler par avance pour n’avoir rien à faire dans la suite contre ses réglés conformes à la nature des choses. Aussi ne seroit il point possible qu’elles s’accordassent si parfaitement d’elles mémés par une harmonie préétablie, si elles ne venoient d’une cause commune, et si