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578 Ycifmig au ålîicaiîe.

nous faisons tout pour nostre bien, et il est impossible que nous ayons d’autres sentimens, quoyque nous en puissions dire. Cependant nous n’aimons point encor tout a fait purement, quand nous ne cherchons pas le bien de l’objet aime pour luy même et parce qu’il nous plaist luy même, mais à cause d’un avantage qui nous en provient. Mais il est visible par la notion de l’amour que nous venons de donner, comment nous cherchons en même temps nostre bien pour nous et le bien de l’objet aimé pour luy même ; lorsque le bien de cet objet est immediatement, dernièrement (ultimato) et par luy même nostre but, nostre plaisir et nostre bien, comme il arrive à l’egard de toutes les choses qu’on souhaite pareequ’elles nous plaisent par elles mêmes, et sont par conséquent bonnes de soy, quand on n’auroit aucun egard aux conséquences ; ce sont des fins et non pas des moyens.

Or l’amour divin est infiniment au dessus des amours des créatures, car les autres objets dignes d’estre aimés, font en effect partie de nostre contentement ou de nostre bonheur, en tant que leur perfection nous touche, au lieu que la felicité de Dieu ne fait pas une partie de nostre bonheur, mais le tout. Il en est la source, et non pas l’accessoire, et les plaisirs des objets aimables mondains pouvant nuire par des conséquences, le seul plaisir qu’on prend dans la jouissance des perfections divines est seurement. et absolument bon, sans qu’il y puisse avoir du danger ou de l’exces. Ces considerations font voir en quoy consiste le véritable désintéressément du pur amour qui ne sçauroit estre tletache de nostre propre contentement et felicite, connue Mons. de la Trappe a fort bien remarque, puisque nostre véritable felicite renferme essentiellement la connoissance de la felicite de Dieu et des perfections divines. c’est a dire l’amour de Dieu. Et par conséquent. il est impossible de préférer l’un a l’autre par une pensée fondée en notions distinctes. Et vouloir se detacher de soy même et de son bien, c’est jouer «le paroles, ou si l’on veut aller aux elleets, (-’est tomber dans un quietisme extravagant, c’est vouloir une inaetiau stupide ou plustost affectée et simulee, où sous preteïte de la resignation et de Panéantissemeut de l’ame abymee en Dieu on peut aller au libertinage dans la practique, ou du moins à un atheisme speculatif caelu’-, tel que eeluy trÂ’Pl’l’0(’S et d’autres plus anciens, qui vouloient que nostre ame se perdoit eufin dans l’esprit universel, et que c’est la l’union parfaite avec Dieu : sentiment dont je trouve quelques traces dans les ex-