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112 Ycibttig au îlrnanš.

de son corps ; ce qui arrive lorsqu’elle en sent la douleur. A quoy vous repondés que vous n’avés point d’idée claire de ce que j’entends par le mot d’exprimer ; si j’entends par là une pensée, vous ne demeurés pas d’accord que l’ame a plus de.pensée et de connoissance du mouvement de la lymphe dans les vaisseaux lymphatiques que des Satellites de Saturne ; mais si j’entends quelque autre chose, vous ne sçavés (dites vous) ce que c’est, et par conséquent (supposé que je ne puisse point Pexpliquer distinctement) ce terme ne servira de rien pour faire connoistre comment l’ame peut se donner le sentiment de la douleur, puisqu’il faudroit pour cela (à ce que vous voulés) qu’elle connust déjà qu’on me pique, au lieu qu’elle n’a cette connoissance que par la douleur qu’elle ressent. Pour répondre in cela, j’expliqueray ce terme que vous jugés obscur, et je l’appliqueray à la difficulté que vous avés faite. Une chose exprime une autre (dans mon langage) lorsqu’il y a un rapport constant et reglé entre ce qui se peut dire de l’une et de l’autre. C’est ainsi qu’une projection de perspective exprime son géometral. Uexpression est commune à toutes les formes, et c’est un genre dont la perception naturelle, le sentiment animal, et la connoissance intellectuelle sont des espèces. Dans la perception naturelle et dans le sentiment il suffit que ce qui est divisible et matériel, et se trouve dispersé en plusieurs estres, soit exprimé ou représente dans un seul estre indivisible, ou dans la substance qui est douée d’une véritable unité. On ne peut point douter de la possibilité d’une belle représentation de plusieurs choses dans une seule, puisque notre ame nous en fournit un exemple. Mais cette représentation est accompagnée de conscience dans l’ame raisonnable, et c’est alors qu’on l’ap« pelle pensée. Or cette expression arrive par tout, parceque toutes les substances sympathisent avec toutes les autres et reçoivent quelque changement proportionnel, répondant au moindre changement qui arrive dans tout l’univers, quoyque ce changement soit plus ou moins notable, à mesure que les autres corps ou leur actions ont plus ou moins de rapport au nostre. C’est de quoy je crois que M. des Cartes seroit demeuré d’accord luy même, car il accorderoit sans doute, qu’à cause de la continuité et divisibilité de toute la matière, le moindre mouvement étend son effect sur les corps voisins, et par conséquent de voisin à voisin à l’infini, mais diminué à proportion ; ainsi nostre corps doit estre affecté en quelque sorte par les changemens de tous les autres. Or à tous les möuvemens de nostre