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suivi exactemeni ce que jappelle filum meditandi, je croy quil auroit achev6 la premiere philosophie. Mais le plus grand genie du monde ne seauroit forcer les choses, ei il faut entrer de necessite par les ouvertüres que la nature a faites pour ne se pas garer. De plus un homme seul n’est pas d’abord capable de tout, et pour moy quand je pense à tout ce que Mens, des Cartes a dit de beau et de luy mme, je metonne plus tost de ce quil a fait que de ce quil a manqu de faire quelque chose. J’avoue que je nay pas pCk lire encor ses Berits avec tout le soin que je nie suis propos d’y apporter ; et mes amis savent quii s’esl renconlr que jay ieu presque tous les nouveaux philosophes plus tost que luy. Bacon et Gassendi me sont tombds les premiers entre les mains, leur style familier et aise estoit plus conforme à un homme qui veut tout lire ; il est vray que j’ay jett souvent les yeux sur Galil6e et des Cartes, roais comme je ne suis Geometre que depuis peu, j’estois bientost rebutd de leur maniere decrire qui avoit besoin d’une forte meditation. Et moy quoyque j’aye tousjours aim6 de mediter moy mme, j’ay tousjours eu de la peine à lire des livres, quW ne seauroit entendre sans mediter beaucoup, parce qu’en suivant ses propres meditaiions on suit un certain penchant naturel, et on profile avec plaisir, au Heu quon est gesn6 furieusement, quand il faut suivre les meditations dautruy. J’aimois tousjours des livres qui contenoient quelques belies penses, mais qu’on pouvoit parcourir sans sarrester, car ils excitoient en moy des ides, que je suivois à ma fantaisie et que je poussois oü bon me sembloit. Cela ma encor empecb6 de lire avec soin les livres de Geometrie, et jose bien avouer que je n’ay pas encor pu gagner sur moy de lire Euclide autrement qu’on a coustume de lire les histoires ! J’ay reconnu par Texperience que cette methode en general est bonne ; mais j’ay bien reconnu neantmoins quil y a des auteurs quil en faut excepter, comme sont parmy les anciens philosophes Platon et Aristote, et des nostres Galilée et Mons. des Cartes. Cependant ce que je scay des meditations metaphysiques et physiques de Mons. des Cartes, n’est presque venu que de la lecture de quantit de livres écrits un peu plus familierement, qui rapportent ses opinions. Et il peut arriver que je ne Taye pas encor bien compris. Neantmoins autant que je Tay feuiilet moy m6me, j’entrevoy au moins, ce me semble, ce quil n’a pas fait, ny entrepris de faire, et cest entre autres la resolution de toutes nos suppositions. C’est pourquoy jay coustume d’ap pjaudir à tous ceux qui examinent la moindre verite jusquau beut ; car je