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XVI.

Leibniz an Malebranche.

Il paroit par la lettre que j’ay eu Thonneur de recevoir de votre part, que le principal de mon ouvrage ne vous a point deplü. C’est de quoy je suis ravi, n’en connoissant gueres de meilleur juge que vous.

En effeet, quand je considere Fouvrage de Dieu, je considere ses voycs comme une partie de Touvrage, et la simplidt jointe à la fecondit des voyes fait une partie de FexceUence de Fouvrage : car dans ie total les moyens fönt une partie de la fin. Je ne say pas pourtant sll faudra recourir à cet expedient, que Dieu demeurant immobile à la cheutc de Fhomme et la permettant, marque que les plus excellentes creatures ne sont rien par rapport à luy ; car on en pourroit abuser, et inferer que le bien et le salut des creatures luy est indifferent, ce qui pourroit revenir au despotisme des supralapsaires, et diminuer Famour qu’on doit à Dieu. Dans le fond rien ne luy est indifferent, et aucune creature ny aclion de la creature n’est compte pour rien chez luy, quoyquelles soient comme. rien en comparaison de luy. Elles gardent leur proportions entre elles encor devant luy, comme les lignes que nous concevons comme infiniment petites ont leur rapports utiles entre elles, quoyquon les oompte pour rien quand il s’agit de les comparer aux lignes ordinaires ; et je crois d’avoir deja employ cette siroilitude. Mais il est vray que Dieu ne devoit point dranger son ouvrage pour empecber la cbeute de Fhomme ; cette complalsance pour une seule espece de creatures, quelque excellenle quelle soit, auroit öt trop grande. Je demeure aussi daccord que la grace n’est point donne aux merites, quoyque tant les bonnes que les mauvaises actions entrent dans le compte, f comme tout le reste, pour la formation du plan total, oü le salut est com- / pris. Priores, bonnes intentions, bonnes actions, tout est utile, et mroe f quelques fois necessaire, mais rien de tout cela nVst süffisant. sAu reste, f Fexemple de Fiilustre Prince, dont vous parls k la fin de votre lettre, n’est f point imitable à ceux qui considerent quil faudroit declarer par serment f quW croit que ce quon sait 6lre des nouveauts mal fondöes sont des verils f indispensables. Le reste des nations ne doit pas avoir asses de complaisance f pour se laisser mener par les Italiens qui sen moquent ; et il y a de l’ap-