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faitement une chose est entendre tous les requisits suffisans k la consiituer, alors j’avoue cette proposiiion, scavoir : Quand lous les requisits suffiSans a constituer une chose peuvent estre entendus, sans quon entende tous les requisits suffisans à constituer l’autre, l’une peut estre sans l’autre. Mais ainsi je naccorde pas la premiere proposition de ce prosyllogisme, scavoir, que deux choses estant reellement distinctes, tous les requisits de l’une peuvent estre tousjours entendus, sans entendre les requisits de l’autre.

Neantmoins, si vous pourrez prouver vos propositions universellement, sans avoir égard à ma distinction, à la bonne heure.

J’espere que vous jugerez par ce que je viens de dire, que j’ay taché de débarrasser la chose, que j’ay écrit cecy pour l’amour de la verité, et que je ne suis peut estre pas tout à fait indigne d’instruction. Et je vous asseure que vous ne me sçauriez convaincre, sans tirer de moy un aveu sincere de vostre avantage.

Apres cela peut estre que vous me reconnoistrez pour philosophe, c’est à dire amateur de la verité, avec autant de passion que je suis etc.


II.


Malebranche an Leibniz.


Je croy qu’il y a encore bien plus de temps à perdre et de difficultez à vaincre dans les disputes par écrit, que dans celles qui se terminent dans la conversation. Vous en voyez bien les raisons. Cependant puisque vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, vous souffrirez bien que je vous reponde.

Vous niez deux propositions, dont voicy la premiere : Deux choses reellement distinctes sont separables ; et vous dites sur la preuve de cette proposition, que quoyque deux choses soient reellement distinctes, tous les requisits de l’une ne peuvent pas toujours estre entendus sans les requisits de l’autre. À quoy je vous repons que cela n’est point vray dans les estres absolus, mais seulement dans les manieres des estres et dans toutes les choses qui consistent dans les rapports ; car les estres absolus n’ont point de requisits, leur idée est simple. Vous pouvez penser à une partie d’étendue sans penser à une autre ; mais si deux parties d’étendue se joignent et que vous les vouliez separer, alors il faut penser à une