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I.
Leibniz an Malebranche.

En retournant chez moy, j’ay medité sur ce que nous avions dit de part et d’autre. Il est tres vray, comme vous avez bien reconnu, qu’on ne sçauroit faire assez de reflexion sur toutes les choses pendant la chaleur de la conversation, à moins que de s’assujettir à des loix rigoureuses, ce qui seroit trop ennuyeux. Mais il est bien plus commode d’observer ces loix sur le papier. Je l’ay voulu essayer.

Nous estions sur cette question si agitée, sçavoir si l’espace est reellement distinct de la matiere, s’il y peut avoir un vuide, ou si plustost tout ce qui est étendu est matiere. Vous soûteniez le dernier, sçavoir que l’essence de la matiere consiste dans l’étendue seulement. Et pour prouver que ce vuide prétendu ne seroit qu’une portion de la matiere, vous me fistes remarquer, que ce vuide a des parties reellement distinctes, par exemple un vase tout vuide, separé en deux par un corps qui le coupe. Or tout ce qui est reellement distinct d’un autre, en est separable, à ce que vous disiez. Donc les parties de ce vuide sont separables ; donc elles sont mobiles ; donc ce vuide pretendu est une portion de la matiere. Ou, pour parler un peu plus formellement, et par propositions :

1) Le vuide (celuy du vase susdit, par exemple) a des parties reellement distinctes ;

2) Deux choses reellement distinctes sont separables ;

3) Deux choses etendues separables sont mobiles ;

4) Tout ce qui a des parties mobiles est matiere ;

5) Donc le vuide pretendu proposé est matiere.

Dans ce raisonnement je suis obligé de demander la preuve de deux propositions, sçavoir de la seconde et de la troisieme. Je vous avois déja