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Ainsi qu’on estime l’importance d’un général d’après le nombre de ses étoiles et de ses croix ; ainsi cette vénérable dame, très courtisée en ce moment par des petits jeunes gens, me semble avoir un rang élevé et très honorable dans l’armée de Cythère, à en juger par le nombre de diamants qui brillent à ses oreilles, dans ses cheveux, à son cou, à sa glorieuse poitrine que le corset soutient, comme la canne soutient les pas chancelants d’un vieillard.

Car, ici, il y a une orgie de pierres précieuses, que les femmes portent avec l’ostentation que met un âne à porter un bouchon de paille à sa queue et qui indique qu’il est à vendre.

Du reste, la danse n’est pas ce que je m’étais imaginé ; je la croyais folle, échevelée, au besoin impudique ; elle est simplement de joyeuse humeur.

Un habitué de Bougival me dit à l’oreille :

— C’est le jeudi qu’il faut venir à la Grenouillère. Là, vous verrez danser le quadrille !

Et, en effet, on ne danse pas le quadrille ce soir ; il y a trop d’étrangers, et les habitués ne veulent pas se donner en spectacle aux bourgeois.

En somme, toutes ces belles demoiselles et leurs danseurs, pour la plupart de braves et honnêtes jeunes gens de famille, ne se tiennent vraiment pas mal du tout. Aussi, je trouve que je ne m’amuse pas et que je n’en ai pas pour mon argent, lorsqu’une entrée à grand fracas se produit tout à coup. Des femmes à l’allure tapageuse, au verbe haut, aux toilettes criantes, aux gestes hardis, apparaissent avec des messieurs de tous âges et de tous crins, qui semblent ravis de l’effet qu’ils produisent.

Enchanté de voir quelque chose d’extraordinaire et d’excitant, je m’approche en hâte, et je regarde les nouvelles arrivantes. Voilà, pour le coup, des filles qui n’ont pas froid aux yeux…

— Ah ! ah ! dit mon voisin, on va pouvoir s’amuser : voilà enfin les femmes du monde !

Hélas ! c’était vrai !