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CHAPITRE V

LE JOUR OÙ J’EUS VINGT ET UN ANS


I

Le jour où j’eus vingt et un ans, il m’arriva une chose que je ne croyais pas possible, et qui ne m’est jamais arrivée depuis ; j’ai pleuré devant une addition.

Comment ? Le voici.

Je perdis ma mère en 1809, j’avais deux ans et demi ; mon père en 1812, j’en avais cinq. La maladie de mon père, absent de chez lui depuis plus d’un an, avait laissé la maison en grand désarroi. Sa mort changea le trouble en complet désordre. Mes grands parents, fort âgés, et se tenant à l’écart, à la suite de certaines dissensions de famille, abandonnèrent la liquidation de la succession aux soins d’un homme d’affaires peu probe et encore plus négligent. Mon père laissait une bibliothèque admirable, qu’il eût été facile de me conserver ; elle fut vendue en bloc et au rabais à un marchand de rencontre.