me traitez fort honorablement et m’avez mis en bonne compagnie de héros ; mais vous terminez par deux vers qu’on trouve étranges. »
Sa physionomie en prononçant ces mots, écrit M. Lemercier, m’annonça qu’on m’avait nui dans son esprit par quelque insinuation maligne ; mon édition n’était sous ses yeux que de la veille. ― « Voici le premier vers : Sache combler l’espoir qu’ont donné tes hauts faits.
« Ce qui est moins une louange, qu’une injonction de votre part. Vous dites ensuite : Moderne Miltiade, égale Périclès.
— Ce second vers, répondis-je, éclaircit le premier et vous marque notre espérance. La gloire de Périclès se rattache à celle des beaux-arts, de l’éloquence et du commerce, qu’il fit fleurir sous son gouvernement tutélaire. Son nom est devenu celui de son siècle, comme ceux d’Auguste, des Médicis et de Louis XIV ont été attribués au leur. Est-il donc inconvenant de lui assimiler le nom du premier consul de France ? ― J’entends ; mais pourquoi Miltiade à côté ? ― Parce que Périclès s’illustra peu par les armes, tandis que Miltiade leur dut, ainsi que vous, sa haute renommée dans la République ; et j’ai voulu témoigner, en vous les associant tous deux, que vous uniriez les qualités civiles à vos qualités militaires. Cette idée vous offense-t-elle ? ― Elle ne s’offre pas de même aux différents esprits ; car, tournée dans un autre sens, elle indiquerait à nos