tout ce peuple d’animaux qui vivait chez lui, les yeux fixés sur lui ! Ces chiens, ces oiseaux, ces chevaux n’étaient pas pour Lamartine ce qu’ils sont pour les désœuvrés, des objets d’amusement et de caprice ; non ! Il voyait en eux des camarades, il l’a dit lui-même, des frères ; il les interrogeait, il leur répondait, il semblait les entendre. C’était une communication perpétuelle entre cette âme supérieure et ces ébauches d’âmes. Je le vois encore étendu sur un canapé, causant de sujets fort sérieux, avec deux griffons à ses pieds et coiffé d’une levrette ; cette jolie bête exécutait autour du front de son maître, des évolutions si gracieuses, que je me récriai d’admiration. « Regardez-la, me dit Lamartine sans se retourner, elle écoute, elle voit qu’on parle d’elle, elle est si coquette !… »
Le monde est plein de gens qui ont tant d’amour pour les bêtes, qu’il ne leur en reste plus pour les hommes. Tel n’était pas Lamartine, son humanité s’étendait jusque sur les humains. Sa compassion envers les malheureux était inépuisable, comme sa générosité, et un jour qu’un de ses amis lui reprochait je ne sais quelle prodigalité charitable… « Vous n’entrerez pas dans le paradis des bons, lui répondit-il ; vous n’êtes pas trop bon ! » Il ne méritait pas ce reproche, lui ! jugez-en.
Un pauvre jeune poète, que je connaissais, nommé Armand Lebailly, mourait de phtisie à l’hôpital Saint-Louis. J’y entraîne Lamartine, certain que sa visite ferait plus de bien au moribond que dix visites de médecin. Nous arrivons, nous montons à la salle Sainte-Catherine ; en entrant j’aperçois au bout de la salle, le