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sa vie en repos, qui lui inspira une grande admiration pour Jocelyn, et calma son irritation contre l’école nouvelle de poésie. « Oh ! disait-il, il faut le reconnaître, tout romantique qu’il soit, il y a quelque chose dans ce Lamartine… »

Baour-Lormian mourut en 1854, un an avant mon élection ; il ne put pas voter pour moi, mais il avait parlé pour moi, et je fus élu en mars 1855, avec dix-huit voix en ma faveur, contre onze données à mon concurrent. Ce concurrent, comme je l’ai dit, était Ponsard. Le lendemain de mon élection, j’arrivai chez lui à neuf heures. Je le trouvai de fort maussade humeur et faisant ses malles. « Vous partez ? ― Oui. ― Pourquoi ? ― Puisqu’on ne veut pas de moi ! ― Qui est-ce qui ne veut pas de vous ? ― Mes amis ? Ils m’ont préféré à vous, c’est vrai, mais maintenant, ils vous sont tout acquis. ― Voulez-vous m’en croire ? Défaites vos malles, restez, et vous verrez. » Il me crut, il resta ; trois semaines après, il était nommé à une majorité considérable, et qui remplaça-t-il ? Baour-Lormian.