en vers ravissants, la joie ingénue de la jeune fille à la vue de ces présents. Elle posait, dit-il, cette couronne sur sa tête, elle disposait élégamment ce péplum sur sa poitrine ; elle arrangeait sa chevelure devant un brillant miroir, en souriant à sa propre image ; puis, s’étant levée de son trône, elle se promenait dans la chambre avec une démarche gracieuse, dans sa blanche chaussure, en regardant sa taille par derrière, avec complaisance.
Mais tout à coup elle change de couleur, tout son corps tremble, et le poète nous la montre, dans son admirable récit, arrachant de sa tête cette couronne d’or qui la brûle, ce péplum empoisonné qui la dévore, et tombant avec des cris affreux entre les bras de la vieille esclave qui la servait.
Quelle scène, me dis-je, si, au lieu d’être en récit, elle était en action ! Si, au lieu des enfants, c’était Médée qui apportait ces présents ! Si, au lieu d’une vieille esclave, c’était Médée qui aidait Créuse à se parer ! Médée agenouillée ! Médée humiliée ! Médée servante ! Médée suivant sa rivale dans toutes les joies de son orgueil ingénu, et tout à coup, au moment où, saisie par les premières atteintes du mal Créuse, s’écrie : « Qu’ai-je donc ? » Médée se relevant, bondissant jusqu’à elle, et lui disant avec un cri de rage triomphante : « Ce que tu as ? C’est que tu vas mourir ! » Quelle situation ! Quel contraste pour une actrice comme Mlle Rachel ! Saisi par cette idée, je me mis immédiatement à l’œuvre. J’écrivis cette scène en deux jours. La scène achevée, vinrent peu à peu se grouper autour d’elle tous les éléments du drame, tel que je le concevais,