fille, une aimable fille, il n’en demandait pas davantage, et si on le trahissait, pour peu que le tour fût bien joué, il s’en consolait en en riant le premier. Alors brillait aux Variétés, sous le nom de Pauline, la plus jolie paire d’yeux noirs que j’aie peut-être vus au théâtre. Brunet était son directeur, et, à ce titre, la dirigeait volontiers hors du bon chemin. Arrive Scribe avec une pièce nouvelle qui a cent représentations. Pauline s’éprend de lui. Brunet s’en désespère d’abord et s’y résigne ensuite. Malheureux comme amant, il se rattrapait comme directeur ; Pauline attachait Scribe à son théâtre. Mais voilà que survient un troisième larron ; le beau Dartois. Oh ! cette fois, Brunet n’y tient plus ! Il court chez Scribe ! « Mon cher ami, lui cria-t-il d’une voix désespérée, on nous trompe ! » Ce nous fit tant rire Scribe, qu’il en oublia son chagrin. Le pluriel le consola de la pluralité.
Il ne se tirait pas toujours aussi facilement avec ses maîtresses de leur fidélité. Vers les quarante ans, outre les intrigues légères qui se croisaient dans sa vie comme dans son théâtre, il était engagé dans deux relations sérieuses qui lui causaient parfois des embarras comiques. Il ne s’agissait pas moins que de deux femmes mariées, mais séparées, par conséquent libres, ce qui l’assujettissait beaucoup. La liberté des maîtresses fait la servitude des amants. On donnait à ce moment les Pilules du Diable. Scribe y va, il s’y amuse médiocrement, et trouve, le soir, en entrant chez lui, ce petit mot : « Tout le monde parle des Pilules du Diable,… je meurs d’envie de les voir, surtout avec