tombe. Cette façon de conclure, vaille que vaille, ne nous réussirait pas aujourd’hui ; il faudrait être Molière pour se la permettre. Aujourd’hui, une des premières lois de l’art dramatique est que le dénouement soit la conséquence logique, forcée, des caractères ou des événements. La dernière scène d’une pièce est quelquefois celle qu’on écrit la première. Tant que la fin n’est pas trouvée, la pièce n’est pas faite, et, une fois que l’auteur tient le dénouement, il doit ne jamais le perdre de vue et lui tout subordonner. Que le romancier commence sans savoir où il va ; que, comme le lièvre de la fable, il s’arrête, broute, écoute d’où vient le vent, il le peut ; mais l’auteur dramatique doit prendre pour modèle la tortue… en tâchant d’aller un peu plus vite qu’elle, c’est-à-dire partir toujours à point, et toujours s’avancer l’œil fixé sur le but.
Scribe est un des auteurs de notre temps qui ont le mieux compris l’importance du dénouement, et qui en ont le mieux appliqué les sévères lois. Il les pratiquait même à l’égard des ouvrages des autres, et des ouvrages qu’il admirait le plus. Je l’ai entendu une fois, dans l’entraînement d’une conversation sur la comédie, refaire deux dénouements de Molière, celui des Femmes savantes, et celui de Tartuffe. « Quel malheur, me disait-il que Molière ait terminé cette belle comédie de caractère, les Femmes savantes, comme une comédie de genre, par le petit artifice d’une nouvelle controuvée, d’une ruine fictive ! Il avait un si beau dénouement dans la main ! La conclusion sortait si naturellement des entrailles mêmes du sujet. C’est avec l’admirable scène de Vadius et de