de douleur et d’insomnie, je crus voir entrer un personnage des contes fantastiques d’Hoffmann. Petit de taille, mais robuste et assuré de démarche, il s’avança enveloppé dans une pelisse de fourrure, et appuyé sur une forte canne à pomme d’or. Il avait près de quatre-vingt ans, une tête admirable, des cheveux blancs et soyeux, rejetés en arrière et soigneusement bouclés autour de son cou ; des yeux d’un bleu profond au centre, avec un cercle presque blanc tout autour de la prunelle ; une bouche impérieuse, la lèvre inférieure avancée ; un nez d’aigle. En entrant, il alla droit au berceau, jeta un coup d’œil perçant sur l’enfant, et se fit donner des détails sur la maladie, sans jamais cesser de la regarder. Puis ses joues s’empourprèrent, les veines de son front se gonflèrent, et il s’écria, avec un accent de colère : « Jetez-moi par la fenêtre toutes ces drogues, toutes ces fioles que je vois là ! Enlevez ce berceau de cette chambre ! Changez-la de draps, d’oreillers, et donnez-lui à boire de l’eau tant qu’elle voudra. Ils lui ont jeté un brasier dans le corps ! Il faut d’abord éteindre le feu ! Nous verrons après. » Nous lui fîmes l’observation que ce changement de température, de linge, pouvait lui être bien dangereux. « Ce qui lui est mortel, répliqua-t-il avec impatience, c’est cette atmosphère et ces drogues. Transportez-là dans le salon, je reviendrai ce soir. Et surtout de l’eau, de l’eau, de l’eau ! »
Il revint le soir, il revint le lendemain, et commença ses médicaments, se contentant de dire à chaque fois : « Encore un jour de gagné. » Le dixième jour, le péril