CHAPITRE VII
VICTOR SCHŒLCHER
Un jour pendant le siège de Paris, j’allai chez le général Trochu, que j’avais l’honneur de voir quelque-fois, et je lui dis : « Général, si vous avez besoin en dehors de l’armée, pour une mission périlleuse, pour une tentative désespérée, d’un homme qui ne vous marchande ni sa vie, ni sa fortune, ni son temps, qui soit également prêt pour un dévouement d’une heure ou un dévouement d’un mois, et qui vous remerciera de le faire tuer, si sa mort est utile au pays, j’ai votre affaire. ― Ah ! vous connaissez un homme de cette trempe-là ! me répondit en souriant le général. ― Oui, général, je le connais, et j’en réponds. ― Eh bien, je m’en souviendrai. » Cet homme c’était Victor Schœlcher.
D’ordinaire, les personnages vivants ne prennent pas place dans des souvenirs comme ceux-ci, mais mon amitié fraternelle avec Schœlcher date de si loin, et peut se rompre si vite par la mort, que je ne me consolerais