foule d’esprit éminents et sérieux, qui disaient qu’ôter aux études cette base solide et morale de l’éducation classique, c’était décapiter les intelligences, matérialiser notre siècle et faire, de l’argent à gagner, le seul but de la vie ? Goubaux leur répondait, avec l’autorité de sa longue expérience : « Pourquoi cette éducation serait-elle moins propre que l’autre à élever les cœurs et les esprits ? Tout ce qu’il y a d’exemples héroïques, de leçons de patriotisme, de modèles de force d’âme, est-il donc renfermé dans les œuvres grecques et latines ? Tout ce que la poésie répand d’idéal dans la vie et dans l’âme se trouve-t-il donc contenu et comme emprisonné dans les poèmes de Virgile et d’Homère ? Le monde de la science que nous voulons ouvrir aux jeunes esprits, ce monde qui n’est rien moins que le ciel et la terre tout entière, ne vaut-il pas bien, comme moyen d’éducation, l’étude de quelques discours de Tite-Live ou de Tacite ? La contemplation intelligence de toutes les grandeurs de la création et de toutes les conquêtes de la créature apprendra-t-elle moins bien aux jeunes gens à connaître Dieu et à devenir hommes, que l’interprétation souvent incertaine des restes d’une langue morte et d’un peuple évanoui ? Enfin, l’étude de la France, de la langue française, de la littérature française, ne mérite-t-elle pas de figurer au premier rang dans notre éducation publique ? N’y aura-t-il donc pas de collèges français en France ? Ces paroles touchaient beaucoup d’hommes éminents, mais on lui demandait des faits pour soutenir ses paroles.
Dès lors son dessein fut arrêté ; pour le mettre à exécution,