réponse ; mais, quant à la suite, je serais bien embarrassé de vous l’envoyer, je ne la connais pas. J’ai écrit cela d’instinct, sans savoir où j’allais ! Maintenant, je vais chercher. » Or, savez-vous ce qui l’aida à trouver ? Un article de journal. A l’apparition des Mystères de Paris dans les Débats, M. Considérant, directeur de la Démocratie Pacifique, signala le nouveau roman comme un véritable événement littéraire. « Je vois où va l’auteur disait-il. (Il était plus avancé que l’auteur même.) Il entre dans une voie inexplorée ! Il entreprend la peinture des souffrances et des besoins des classes travailleuses ! M. Eugène Sue a été baptisé le romancier maritime ; aujourd’hui, il s’appelle le romancier populaire. » A peine cet article lu, je le mis sous bande et je l’envoyais à Eugène Sue. « Merci, me répondit-il, je l’ai. J’ai été causer avec l’auteur. Je vois clair. » Alors commença pour lui une existence toute nouvelle. Il se lança dans le monde d’en bas comme il s’était lancé dans le monde d’en haut. A la place de l’habit rouge du chasseur, à la place du bouton des grandes véneries, du camélia à la boutonnière, il acheta une casquette, une blouse, de gros souliers, et il s’en alla, le soir, à pied, dans les faubourgs, dans les cabarets de barrière, dans les réunions d’ouvriers, dans les garnis, dans les taudis, dans les hospices, vivant de la vie populaire, s’attablant dans les bouges, et plongeant pour ainsi dire son imagination au milieu de toutes ces misères, de toutes ces haines, de tous ces dévouements.
« Je vous arrête, me dit mon compagnon, pour demander l’explication d’un mot que vous avez jeté