à la musique, quelle poursuite obstinée lui a fait connaître toutes les combinaisons mélodiques ou orchestrales trouvées par tous les artistes de tous les pays, on se rend compte que sa puissance de contrastes et d’effets n’était que le résultat de prodigieux efforts ; on comprend à quel prix il a pu ajouter une octave au clavier de la musique dramatique. Eh bien, voilà ce qui a manqué à Berlioz. La résistance de son père lui a fait commencer ses études musicales trop tard. La pauvreté l’a empêché de les poursuivre à fond. Il lui a fallu chanter dans les chœurs et donner des leçons de guitare pour vivre, au lieu de travailler ; il n’a pas pu acquérir assez de talent pour son génie. De là, dans son œuvre, à côté des plus ingénieuses et des plus délicates recherches d’exécution, des maladresses, des obscurités, des lacunes, des bizarreries qui sont des gaucheries. Sans doute, il était beaucoup plus habile que presque tous les autres, mais il ne l’était pas assez pour lui. Le talent d’exécution chez l’artiste doit être en rapport avec la nature et la richesse de sa conception. La plume de Lamartine, si brillante qu’elle fût, n’aurait pas suffi à l’imagination de Victor Hugo. La Fontaine ne s’est créé, qu’à force de travail, cet instrument merveilleux, qui se prêtait à exprimer les mille nuances de sa pensée. Berlioz, pour être tout lui-même, aurait eu besoin d’avoir la science et l’habileté de Beethoven. Du reste, qu’il se console ! Weber se plaignait, lui aussi, de n’être pas assez savant !Freischütz n’en est pas moins immortel, et la Damnation de Faust aussi.
Viennent enfin ces deux terribles épithètes qu’on a accolées à