Norwich, août 1830.
« Je suis contente, fière, glorieuse, vaine du dernier point, d’appartenir aux Français ! (Elle était née à Paris.) Vous pleurez d’avoir été absent ? Il n’y a pas de jour que je ne sois désolée, moi femme, de n’avoir pas eu une jambe cassée dans la mêlée de cette cause de l’âge d’or ! N’est-ce pas le vrai âge d’or, que de se révolter pour sa liberté, et de rejeter, en même temps, même l’apparence d’une usurpation sur les autres peuples ! Je vous assure qu’en pensant à Paris, je sens mon âme s’élever ! Croyez-vous que des soldats armés de fusils auraient pu m’empêcher de crier : Vive la liberté ? On me dit que tout n’est pas encore tranquille en France, écrivez-le-moi ; j’irais ! je veux partager le sort de mes frères ! La charité bien ordonnée, dit-on, commence par soi-même ! eh bien, les autres sont mon soi-même. Vive la France ! »
A ces citations, que je pourrais prolonger, j’ajouterai seulement un dernier trait qui complétera la ressemblance.
La violence de son père avait jeté bien souvent des orages dans leur affection. Ils étaient brouillés mortellement et séparés depuis longtemps, quand Garcia arriva à Paris, déjà vieux et aigri. Une représentation s’organise au théâtre Italien. On lit sur l’affiche : Othello. M. Garcia jouera Othello ; Mme Malibran, Desdemona. J’assistais à cette soirée. Je n’ai jamais vu attente publique