homme d’aventures, un d’Artagnan du dix-huitième siècle, grand ; vigoureux, avec une figure charmante, une forêt de cheveux blonds, à peu près aussi emmêlés qu’une forêt vierge et ondulant en folles boucles ébouriffées autour de sa tête, de grand yeux bleus admirables, une bouche toujours en mouvement, une gaieté inaltérable, une santé inattaquable ; tout lui riait, et il riait à tout ! Les lettres et la poésie ne figuraient guère dans sa vie et dans son bagage que sous forme d’un petit volume d’Horace, qu’il récitait sans cesse, et d’un ouvrage quelconque de Voltaire, qui ne le quittait jamais. Arrivé à Paris, il fit son entrée dans la littérature comme on entre en campagne, par deux coups de canon : l’opéra de la Vestale d’abord, puis plus tard, l’Ermite de la Chaussée-d’Antin.
Tout était nouveau dans l’Ermite : la forme, le titre, le sujet, l’auteur. Homme du monde, homme de plaisir, batailleur, causeur, il racontait sa vie de tous les jours en racontant la vie de Paris. Ce qu’on appelle le Parisianisme est parti de l’Ermite de la Chaussée-d’Antin. L’école de la chronique est partie de l’Ermite de la Chaussée-d’Antin. Il y a tel chapitre de l’Ermite qui est une comédie excellente. Le Parrain de Scribe est tiré d’une page de l’Ermite. Une des plus remarquables scènes des Faux bonshommes, la scène des châteaux en Espagne du mari à propos de la mort de sa femme, est imitée de l’Ermite de la Chaussée-d’Antin. Mais le fait le plus curieux, c’est que le succès de l’ouvrage fut tel que bientôt l’œuvre et l’auteur ne firent qu’un. On l’appela l’Ermite. Il accepta le nom et, avec le nom, en prit