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Croit voir l’ange de Dieu dans ses rangs descendu.
Tu combats : l’Anglais perd sa superbe assurance ;
Du joug de l’étranger tu délivres la France ;
Tu rends libre Orléans, et dans Reims étonné
Tu ramènes ton roi, qui fuyait détrôné.

Sexe heureux ! son destin est de vaincre sans cesse.
Mais peut-être le fer sied mal à sa faiblesse ;
Ses pleurs, arme plus douce, ont autant de pouvoir.
Aman proscrit les Juifs, Esther est leur espoir ;
Aux pieds d’Assuérus, de ses larmes ornée,
Esther demande grâce, et leur grâce est donnée.
Le fier Coriolan, aux Volsques réuni,
Revient exterminer Rome qui l’a banni :
Tribuns, consuls, vieillards, pontifes et vestales,
Tout presse ses genoux sous ses tentes fatales ;
Inclinés avec eux devant son front altier,
Ses dieux mêmes, ses dieux semblent le supplier ;
Mais il n’écoute rien qu’une aveugle colère,
Il est prêt à frapper... Il n’a pas vu sa mère !
Elle entre : Rome en vain la séparait d’un fils ;
Immolant cette injure au bien de son pays,
Elle implore un vainqueur qui cède à sa prière :
Les pleurs de Véturie ont sauvé Rome entière.
Les pleurs ont mille fois désarmé les héros.
Vainement Edouard au glaive des bourreaux