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Sur un enfant chéri, l’image de ses traits,
Fond soudain ce fléau qui, prolongeant sa rage,
Grave au front des humains un éternel outrage.
D’un mal contagieux tout fuit épouvanté ;
Isaure sans effroi brave un air infecté.
Près de ce fils mourant elle veille assidue.
Mais le poison s’étend et menace sa vue :
Il faut, pour écarter un péril trop certain,
Qu’une bouche fidèle aspire le venin.
Une mère ose tout, Isaure est déjà prête ;
Ses charmes, son époux, ses jours, rien ne l’arrête ;
D’une lèvre obstinée elle presse ces yeux
Que ferme un voile impur à la clarté des cieux,
Et d’un fils, par degrés, dégageant la paupière,
Une seconde fois lui donne la lumière.
Un père a-t-il pour nous de si généreux soins ?

Bientôt d’autres bontés suivent d’autres besoins.
L’enfant, de jour en jour, avance dans la vie ;
Et, comme les aiglons qui, cédant à l’envie
De mesurer les cieux, dans leur premier essor,
Exercent près du nid leur aile faible encor,
Doucement soutenu sur ses mains chancelantes,
Il commence l’essai de ses forces naissantes.
Sa mère est près de lui : c’est elle dont le bras
Dans leur débile effort aide ses premiers pas ;