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Des fleurs par Vallayer sur la toile jetées
On est prêt à cueillir les tiges imitées ;
On croit voir respirer les portraits précieux
Où Le Brun immortelle attache tous les yeux.
Des Grâces dans leur touche on sent la main aimable ;
Les Grâces ont dans tout ce charme inexprimable.
Lisons Riccoboni, La Fayette, Tencin :
De leurs romans l’Amour a tracé le dessin ;
Et dans Cécilia, Sénange et Théodore,
Dans ces tableaux récents, l’Amour est peintre encore.
Pour la femme, il est vrai, redoutant un travers,
Un poète voulut lui défendre les vers.
Sans doute il ne faut pas qu’en un mâle délire
Elle fasse parler la trompette ou la lyre ;
Mais elle a su prouver que sous ses doigts légers
Soupire sans effort la flûte des bergers.
Est-ce un jeu de l’esprit qu’elle doit s’interdire ?
Peut-être on aime mieux quand on sait bien le dire.
Laissons-la donc, sans crainte, exercer à son tour
Un art qui peut tourner au profit de l’amour.

Graves censeurs du sexe, à vos regards sévères
Tous ces dons enchanteurs ne sont qu’imaginaires.
Ah ! si par ses talents il ne vous peut charmer,
Ses services du moins sauront vous désarmer.
Comment les méconnaître ? Avec notre existence