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Embrassèrent en vain le froid du sanctuaire ;
Ils brûlaient sur le marbre, ils brûlaient sous la haire.
Leur flamme, que le cloître et le jeûne irritait,
Jusqu’au pied des autels à Dieu les disputait ;
Et leur voix trop souvent, dans leur profane ivresse,
Aux chants sacrés mêla le nom de leur maîtresse.
Du devoir, de l’amour, ô rigoureux combats !
La paix était près d’eux, ils ne la sentaient pas !
Mais de qui sut aimer leurs maux font les délices.
J’erre dans ces réduits qui virent leurs supplices ;
Je demande à l’écho le bruit de leurs douleurs ;
Je demande à l’autel la trace de leurs pleurs ;
Mes pleurs mouillent le marbre où leurs larmes coulèrent ;
Mon cœur soupire aux lieux où leurs cœurs soupirèrent ;
Et je me peins, ému de leurs revers fameux,
Les jours où je brûlais, où je souffrais comme eux.

Voilà donc tes bienfaits, tendre mélancolie !
Par toi de l’univers la scène est embellie ;
Tu sais donner un prix aux larmes, aux soupirs ;
Et nos afflictions sont presque des plaisirs.
Ah ! si l’art à nos yeux veut tracer ton image,
Il doit peindre une vierge assise sous l’ombrage,
Qui, rêveuse, et livrée à de vagues regrets,
Nourrit, au bruit des flots, un chagrin plein d’attraits,