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L’enfant du Pinde aussi recherche ces tableaux :
Laissez-moi m’enfoncer sous ces bois sans feuillage ;
Qu’il m’est doux d’y trouver un roc noir et sauvage,
Qui laissait la verdure égayer son horreur,
Et, libre de son voile, a repris sa terreur !
Que j’aime à mesurer ces ormes et ces chênes,
Gigantesques rivaux des montagnes prochaines,
Qui, sans feuille, et d’écorce à peine environnés,
Élèvent un font chauve et des bras décharnés !
Combien me plaît, m’émeut cette onde qui bouillonne,
Qui, dans l’été cascade, et torrent dans l’automne,
Murmurant quand Zéphyre enchantait le vallon,
Au départ du zéphyr gronde avec l’aquilon !
De quelle volupté ma frayeur est mêlée
Quand la foudre à grand bruit roule dans la vallée,
Ou, sous ses traits de feu brisant de noirs rameaux,
De nos bois fracassés dévore les lambeaux !
Tout du poète ému réveille le génie :
Je saisis des objets la couleur rembrunie ;
Et, pour faire passer cette teinte en mes vers,
Je noircis mes pinceaux du deuil de l’univers.
Où suis-je ? à mes regards un humble cimetière
Offre de l’homme éteint la demeure dernière.
Un cimetière aux champs ! quel tableau ! quel trésor !
Là ne se montrent point l’airain, le marbre, l’or ;
Là ne s’élèvent point ces tombes fastueuses