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eux J.J Rousseau. Son action sur les femmes de son temps fut immense. Les plus illustres ont été ses disciples : Mme Roland, Charlotte Corday, Mme de Staël, Mme d’Épinay, la marquise de Lambert, Mlle de Lespinasse, Mme Cottin, Mme de Genlis, et enfin Mme Sand, ont entraîné à sa suite tout un peuple d’adoratrices inconnues ; on a dit les femmes de Rousseau, on n’a jamais dit les femmes de Voltaire.

Je comprends bien la raison de son influence sur elles. Qu’est-ce que J.J Rousseau ? Une machine électrique. Rien ne sort paisiblement de sa plume, tout en jaillit. Idées, systèmes, sentiments, théories philosophiques, théories politiques, théories réligieuses, éclatent dans ses livres, comme autant d’étincelles qui font tressaillir de la tête aux pieds ces créatures nerveuses et impressionnables. Mais, le fait curieux, c’est que leur propre action sur ce qu’il écrit est presque nulle ; elles y ont une très grande place et une très petite part. L’âme féminine est absente de son œuvre.

Je m’explique.

Personne ne s’est plus occupé de la famille que J.J Rousseau, et il n’a pas connu les affections les plus saintes et les plus saines