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disparition des croix à la porte des cimetières, qu’est-ce, sinon proclamer comme Jean-Jacques la sainteté de la loi évangélique, renouer l’alliance de la philosophie et du christianisme, et y chercher des armes pour la défense de la société et le relèvement moral des individus.

Je m’arrête ; où trouver une preuve plus saisissante de la vitalité de ce puissant esprit que le réveil d’une de ses idées les plus hardies, à cent cinquante ans de distance, avec de tels disciples, et pour une telle cause ?

Notre étude est terminée, et pourtant elle me semblerait incomplète si, après avoir tant parlé de l’écrivain, je ne disais quelques mots sur l’homme. Il y a un fait évident : Malgré son génie et ses services, J.J Rousseau n’est pas aimé. Pourquoi ? Est-ce juste ? Questions très complexes et trop longues à résoudre : je me bornerai à dire à ceux qui n’aiment pas Rousseau : Arrivez du moins à le plaindre. Il a été bien malheureux ! Malheurs chimérique, dira-t-on, nés de son imagination ombrageuse ! Qu’importe que les maux soient fictifs, si les souffrances sont réelles ? Y a-t-il douleurs plus cruelles que celles de l’imagination, et certaines fautes mêmes ne sont-elles pas la rançon